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un pays fourmidable
4 juin 2010

Stingray back-stage

Parmi les avantages de la vie au Japon, il y a entre autres la possibilité de faire des choses auxquelles je n’aurais jamais pensé en France, ou que je n’aurais pu faire par manque de relations.

Jusqu’à maintenant, j’avais eu l’occasion de passer à la télé locale lors de mon premier séjour au Japon. Je me souviens aussi d’avoir vu mon nom dans un article d’une gazette du département Ishikawa. Plus récemment, j’ai pu faire “gardien à l’entrée d’un club privé” et chanteur amateur en cabaret. Plus récemment encore, j’ai vu mon nom dans un journal à grand tirage, le Chûnichi Shimbun, suite à une interview demandée par un journaliste spécialisé sur l’Europe.

Cette fois-ci, j’ai profité du peu de relations que j’ai pour intégrer l’équipe d’une chanteuse semi-pro. Je me suis donc présenté en costume gris au hall du Grand Théâtre départemental. Le personnel semblait ébahi. “Pourquoi un gaijin se présente-t-il ici alors que c’est fermé au public ? ” Puis, ils m’on vu sortir un badge “STAFF”. Ils ont attendu un certain temps avant que l’un deux vienne m’interroger sur mon statut.

Alors, ma première impression, c’est le regard soutenu des passants. Un gaijin en costume gris, on peut passer à côté sans faire attention, mais un gaijin au garde à vous, posté à l’entrée d’un théâtre, avec un badge officiel, cela attire le regard des curieux. Ainsi jusqu’à l’ouverture du guichet, j’ai eu l’impression d’être l’attraction locale (rien d’inhabituel, donc). 

Le public est arrivé une heure avant l’ouverture du guichet. Il a fallu gérer différents profils : les gens se trompant d’adresse, de date, ainsi que les curieux non intéressés par le concert. Ensuite sont arrivés quelques personnalités qui sont venues me saluer sous le regard étonné des employés du théâtre, parce qu’entre ma prestation au cabaret et quelques “soirées de l’ambassadeur”, il se trouve que dans ce milieu les gens commencent à me reconnaître. Nagoya, c’est la 4e ville du Japon mais sur certains points, c’est petit.

J’ai pu tester l’étendue du badge “STAFF” en allant un peu partout, du bureau des employés, au coulisses, jusqu’à la loge des artistes. A aucun moment, je n’ai du justifier la raison de ma présence, malgré leur étonnement constant de devoir travailler à mes côtés.

Globalement, les missions qu’on nous donnait relevaient du jeu d’enfant, mais j’ai parfois eu honte de certaines de mes expressions, trop directes. On ne parle pas à des clients comme à des voisins de palier. Sur ce point, il va falloir revoir mes connaissances concernant le langage poli.

Certaines connaissances ne m’ont même pas reconnu alors que j’étais devant leurs yeux. Selon eux, j’étais un salaryman japonais. Je leur ai expliqué que ce sont les salarymen japonais qui portent des vêtements occidentaux et non moi qui m’habille en japonais.

Il y a eu quelques imprévus : 30 minutes avant l’ouverture, quelqu’un est arrivé avec une tâche à nous confier avant que les gens entrent dans la salle ; le genre de travail minutieux qu’il faut faire assis au calme, et pas debout dans un hall sous les projecteurs. Ce qui m’a étonné, c’est que malgré la pression, le stress du peu de temps restant, l’arrivée progressive des spectateurs, les employés sont restés très concentrés sur leur tâche sans broncher. Pour faire la même chose en France, il y aurait nécessairement eu des réflexions du genre “pourquoi on nous demande ça que maintenant?” “on finira jamais à temps”…. On a finalement accompli notre mission à la seconde près, “girigiri” comme on dit.

Etant quasiment à mon compte, je suis peu accoutumé à bosser en équipe, japonaise de surcroît. C’était pour moi l’occasion d’observer des comportements entre collègues, avec la hiérarchie et les autres services. On détecte très facilement les leaders, surexcités et omniprésents. Une fois qu’on s’est fait respecté d’eux, le comportement des autres suit. 

Lorsque le producteur et mari de la chanteuse est arrivé, la garde à vous était général. Il est tout de suite venu me serrer la main pour me remercier pour de petits services rendus (correction de la prononciation des mots français avant l’enregistrement). Vraiment, les employés japonais sont de vrais Louis de Funès ; ils ne m’accordent leur respect que parce que des gens importants sont venus me saluer….

Après le concert, il a fallu courir dans tous les sens. Je suis allé dans les loges, où une fille s’est mise à me parler en chinois. Je ne l’ai même pas calculée. Je me suis dit “ C’est quoi cette hystérique ?!” Un peu plus tard, elle s’est repointée devant moi et s’est présentée. Comme je ne l’écoutais qu’à moitié et que je ne la regardais pas plus de 2 secondes, elle se demandait si je comprenais le japonais. Ce n’est que quelques instants plus tard, que je me suis dit qu’elle devait nécessairement me connaître. Je n’avais pas l’air malin de lui avoir fait subir un “boycott” à ma façon. Heureusement, j’ai pu rattraper mon manque de tact autour d’une table avec quelques boissons fermentées.

Finalement, ce fut une expérience intéressante, même si je regrette un peu qu’on me pousse à chaque fois à passer sur scène alors que je ne suis ni chanteur ni musicien. On voudrait que je forme des duos, que je participe à des concours, que je traduise des chansons…

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Commentaires
G
Carnet de séjour toujours aussi drôle !
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