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un pays fourmidable
5 décembre 2009

La soirée après la soirée, après la soirée...

Ces derniers temps, je sors plus souvent qu’à mon habitude. Il faut croire que le Japon a réussi à rogner sur ma nature pantouflarde. Il y a aussi le fait que j’ai attendu de nombreuses années avant de venir au Japon. Rester trop longtemps à la maison doit peut-être me faire culpabiliser inconsciemment. Il y a tellement de choses à voir, de gens bizarres à analyser, de nourritures chimiques à découvrir et de lieux louches à visiter que maintenant, je refuse rarement de sortir… c’est toujours rigolo de voir un Japonais bourré après deux verres.

Soirée numéro 1.

Cette soirée, à laquelle j’ai été convié, rassemble le petit gratin de la ville, composé principalement de “ Narikin ” (parvenus) : Directeurs d’entreprise, chefs d’école artistique, musiciens, bourgeoises… et pour faire bien, quelques étrangers pour le côté “ nous, on a des gaijins dans notre carnet d’adresse et pas vous ” . Les invités arrivent les uns après les autres par la route : ils sont déposés par un taxi ou une Lexus (Toyota haut de gamme, pour l’élite qui se la pète). A l’entrée, pas de videurs, mais des hôtesses offrant une flûte de champagne. Une fois à l’intérieur, on fait connaissance avec diverses personnes. J’ai remarqué que les Bourgeoises ignoraient fièrement les étrangers ici présents. Les seuls qui s’approchaient de nous étaient des chefs d’entreprise pour nous montrer leur réussite professionnelle, et nous raconter qu’ils avaient dans leur staff quelques étrangers. Après quelques questions, il était facile de comprendre qu’ils ne connaissaient même pas ces mêmes collègues avec lesquels ils bossent pourtant depuis plusieurs années…  Un certain directeur prend ensuite la parole pour faire un speech long et ennuyant alors qu’il n’est ni l’organisateur ni le bénéficiaire de l’événement. Là aussi, il est important de donner la place à ce personnage, dont la réussite insolente fait beaucoup d’envieux. Il aurait même reçu la Légion d’Honneur en France juste pour avoir fait des lentilles de contact. (ahh..les médailles, on les donne vraiment à n’importe qui, de nos jours). Là, où je dis “chapeau”, c’est pour le buffet froid. Escargots, jambon cru italien…. ça change des premiers prix. Je me suis bien gavé. Ensuite, les organisateurs ont proposé un quizz. On a choisi un gaijin pour poser une question en anglais. J’ai tout de suite décliné quand on me l’a proposé. Lorsque la question est posée, c’est le silence. Alors, là, je me dis, soit ils sont en train de réfléchir à la réponse, soit ils n’ont pas compris la question. Pourtant, c’était si simple qu’avec mon anglais “ niveau lycée ” et mes connaissances générales, j’ai tout de suite compris que la réponse était “ les chutes du Niagara ”. Assis à côté d’une bourgeoise souffrant d’un embonpoint qui sied mal à une Japonaise, je lui souffle : “ En fait, la réponse c’est "Les chutes du Niagara" '”. Et, là, tout à coup, elle se lève et hurle “ Les chutes du Niagara !!! ”. Elle hurle sa joie et va chercher son prix à la tribune. Je reste abasourdi. Elle repasse devant moi avec son sac rempli de cadeaux et je ne revois plus l’énergumène de la soirée.  Curieusement, je suis resté muet lors des questions suivantes. J’avais oublié que malgré leurs richesses, les parvenus étaient prêts à tout même pour gagner un quelconque sac avec quelques babioles dedans….  La soirée se finit avec une chanson imposée à tous : “ We are the World “ C’est-y pas beau ce sentiment communautaire sans frontière ?? Tous unis dans une société consumériste et superficielle ?

Soirée numéro 2.(Nijikai)

J’ai fini par comprendre pourquoi les soirées commencent si tôt ici. C’est parce qu’il y a beaucoup de personnes âgées. Ils viennent tôt et repartent tôt et rentrent chez eux selon ce que j’appelle des heures chrétiennes, pour retrouver leurs petits chaussons et boire leur camomille avant un bon somme à 21h… (Avec le vieillissement de la population japonaise, je ne serais pas étonné un jour d’être convoqué à 14h pour une soirée)

Lorsque le signal du Nijikai est donné, un cortège de taxi (et quelques Lexus) vient récupérer nos invités les plus âgés. Reste une vingtaine de convives, prêts à continuer la fête. 5 taxis sont dépêchés pour nous conduire jusqu’au prochain lieu des festivités. Les gaijins sont réunis dans le même taxi. Je constate déjà quelques dérapages : 2 anglo-saxons ont abusé des breuvages fermentés et lâchent des propos qui pourraient mettre en péril leur carrière au Japon. La règle numéro 1 quand on enseigne dans un établissement, c’est justement de ne jamais chercher à “consommer” ses élèves, ou alors ça ne se dit pas en public. Enfin, bref, on arrive dans un restaurant français. On est dispatché sur chaque table. Voyant les convives d’une table au fond, je me dis, “ chouette, des mamies “, elles doivent être polies, prévenantes et généreuses. Je demande si une place est libre (et, elle l’est).  Là, je suis accueilli froidement. On me dit que non. C’est la place d’untel. Or, cette personne est actuellement assise ailleurs. Je regarde autour de moi, les places sont presque toutes prises. Il s’agit de rebondir vite pour ne pas se retrouver comme un con sans place, alors je lance “Très bien, je vais m’asseoir là, le temps qu’elle revienne”. En fait, c’était un petit club. Ce petit groupe de femmes était bien singulier à mon goût : 4x,5x et 6x ans. 3 générations étaient présentes dans ce petit groupe, qui finalement ressemblait plus à une association de malfaiteurs. Chacune avait un maquillage en décalage avec son âge réel et elles portaient toutes un signe extérieur de richesse différent : kimono pour l’une, robe de soirée extravagante et bijoux bien en évidence pour les 2 autres. Celle qui semblait être le leader du groupe commence à commander un plateau de fromage et se met à commenter la carte en montrant aux autres qu’elle s’y connaît en fromage. C’est là que j’arrive avec mes gros sabots de Franchouillard. Elle a voulu parler frometon, eh ben, on va parler frometon. Je commente tous ses choix et lui explique l’origine du camembert. Ne pouvant ni confirmer ni démentir, elle décide de ne plus parler de fromage… Un peu de silence à table, cela me permet de manger tranquillement. Puis, Un convive vient saluer notre table. C’est un artiste vêtu d’un Hakama original (ce qui laisse présager un homme fortuné). Il nous explique qu’il a acheté le pavillon du Premier Ministre actuel. Les mamies s’extasient, le flattent et le supplient pour qu’il les y invite un jour. Une fois retourné à sa table, les mamies jaugent cet homme. “ Il a une belle situation ! ” Puis, une lance froidement : “ laissez tomber, les filles. Il est très riche, mais il est pédé comme un phoque ”. Je trouve que ces femmes ne manquent pas d’audace. Mariées et ayant déjà fait beaucoup de route, elles espèrent pourtant être remarquées par des hommes riches, pour des soirées, et plus, si affinités. Elles surestiment leurs charmes. Au Japon, les hommes préfèrent les femmes à peine sorties du moule. Je pense qu’elles sont en plein trip. Finalement, elles oublient complètement que je comprends le japonais et continuent leurs conspirations et leurs échanges de ragots tout en faisant comme si je n’étais pas là. Je me régale devant autant de conneries, ragots au niveau de la ceintures, projets qui resteront sans suite….

Là, maintenant, il est plus de 22h. Il est temps de rentrer les vieux et autres pantouflards. Il reste en tout et pour tout, 3 hommes. Difficile de faire une fête avec ça, pourtant le convive japonais insiste. Il nous propose de le rejoindre dans un bar où il connaît quelqu’un. Il hésite un moment, et nous demande combien on est prêts à mettre. Là, ça sent le piège. Il nous dit un prix. On se regarde. “ C’est un bar qui fait des cocktails à base de millésimes très rares ? “.

Soirée numéro 3. (Sanjikai)

Direction Nishiki, le quartier de toutes les folies. On entre dans un immeuble qui donne sur un étage curieux où les fenêtres sont absentes. Une porte s’ouvre. On entre et là, je m’arrête net. Il est déjà trop tard. On est dans la place et l’accueil vient de commencer. C’est un club d’hôtesses. Ce n’est pas le fait d’y entrer qui m’a perturbé, mais le fait que le Japonais n’ait pas clairement expliqué où il nous emmenait. Il m’a bien eu sur le coup. Il devait se douter que j’aurais refusé. On prend une table et rapidement, une jeune demoiselle en cuir rouge vient s’asseoir à nos côtés. Elle devait avoir pas plus de 22 ans. Une autre vient la rejoindre et divertit l’autre convive occidental. Rassurée par le fait que je comprends le japonais, on fait connaissance. Elle boit mes paroles et tout la fait rire. A chaque fois qu’elle pouffe de rire, elle pose sa main sur mon genou ! Ah ben, on est déjà amis ?? C’est sans doute le genre de contact que cherche la clientèle japonaise. La demoiselle (Michiko ?) s’excuse subitement et me dit qu’elle doit s’absenter car elle doit se préparer pour danser. (???!!!) Après, ça commence à devenir très drôle. La Mama de l’établissement baisse l’éclairage et allume les strobos. 3 filles passent dans l’unique couloir entre les tables. Chacune leur tour, elles interprètent une chorégraphie courte vêtue. L’une d’elle semble être une étrangère, une Brésilienne au visage pas très gracieux, mais à la plastique sportive. Ce n’est qu’après que l’autre occidental, plus observateur que moi, m’avertit de prendre garde à ce travesti. Il avait de suite remarqué la pomme d’Adam. La Mama décide de faire monter l’ambiance pour que les clients dansent au corps à corps avec les demoiselles (et le travesti !!). Voilà qu’on se retrouve à sautiller sur de la dance dans le couloir élargi (car la Mama a poussé quelques tables). Un client bien éméché décide de retirer son pantalon et sa chemise et danse….. en string !!! Euh, ce salaryman semble être ce qu’on appelle un “ sakura “, faux client payé par l’établissement. Alors, là, les clients sont bien chauds et j’hallucine pendant la scène suivante : le travesti danse et égoutte une bougie sur les bras des clients !!!! Je pensais être arrivé au bout de mes surprises. La Mama sort du film étirable (celui-là même qu’on utilise en cuisine pour recouvrir des plats) et fait des bisous sur la bouche des clients avec ce film devant la bouche. Qu’est-ce qui m’a pris de ne pas avoir pris mon appareil photo.

Une fois le spectacle terminé, les filles viennent s’installer à notre table. Michiko se trouve cette fois-ci entre moi et le Japonais. Celui-ci est bien chaud suite aux derniers événements et quelques verres de trop. Il entreprend un contact physique avec la petite, qui pourrait être sa fille. Elle est carrément enserrée avec une main sur l’épaule dénudée et l’autre sur le genou. Il commence à la caresser et étant allé trop loin, elle se met à appeler au secours. Faut pas déconner à ces moments-là. Au fond de la salle, il y a un petit local où est assis un Coréen du milieu. Le milieu. Ce milieu avec lequel il faut pas trop rigoler. On aurait vite fait de se retrouver la gueule en sang sur le trottoir. J’enlève les mains du Japonais du corps de la demoiselle. La situation se désenvenime et on retrouve rapidement l’ambiance du début. La soirée passe vite et on se retrouve derniers clients. Les filles ayant fini leur taff viennent toutes à notre table. J’apprends que le travesti vient en fait du Texas et non du Brésil. C’est curieux ce préjugé que j’ai de penser que les gens moches sont souvent brésiliens. C’est le moment le plus intéressant de la soirée car les filles ne peuvent plus nous faire consommer de boissons. Elles ont fini leur comédie et parlent assez franchement. J’apprends qu’en fait, elles ont toutes diverses activités, études, boulot, école de danse… et que pour arrondir les fins de mois elles font ce travail. A part la petite Michiko qui semble attirer les faveurs de tous les clients, ces filles ont un physique assez commun. Dans la rue, on aurait du mal à imaginer qu’elles viennent ici. Là où j’éprouve un certain respect, c’est que leurs journées de travail sont vraiment longues. Bosser de jour et de nuit, c’est pas quelque chose que je pourrais faire…

Soirée numéro 4. (yonjikai)

La Mama ferme boutique. On est encore sur pied malgré les verres engloutis ce soir. Le Japonais propose donc une soirée juste à 4 au comptoir d’un bar du même quartier. On approche des 2 heures du mat. Je ne sais pas ce qui a pu se passer ensuite, j’ai décliné la proposition.  Je les imagine bien en train de danser en string, le corps recouvert de cire rouge et s’entre-embrassant derrière du film étirable alimentaire…

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Commentaires
M
hihi pas mal le blog en lui même!mais chapeau bas aux mamies;quand même lol!te lire me donne trop envie de programer mon prochain voyage vers le japon.en espérant que l'ambiance y soit la même pour moi aussi
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L
alors ça c'est une soirée peu ordinaire! j'ai bien aimé les mamie chiante qui se font des films ...
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D
Merci beaucoup pour ton blog que j'ai dévoré avec enthousiasme !<br /> <br /> J'attends impatiemment de nouvelles aventures !<br /> <br /> J'aimerais également savoir comment se passent tes contacts avec tes collègues.<br /> <br /> Merci encore.
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G
"c’est toujours rigolo de voir un Japonais bourré après deux verres."<br /> <br /> M'ouarf !<br /> <br /> Merci de faire vivre ce genre de soirée... par procuration !<br /> <br /> A quand l'édition des notes de voyages ?
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M
Chapeau bas à ces filles qui ont le courage de travailler dans ces endroits! Le coup du traverstis, ça c'est fort quand même.<br /> <br /> J'ai hâte d'être invité à une de ces soirées :-D<br /> *ne sortira plus sans son appareil photo*
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