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un pays fourmidable
9 septembre 2009

Déluge dans l'immeuble.

Lorsqu'on cherche un appartement au Japon, l'année de construction est une donnée qu'il faut absolument prendre en compte.
Ainsi quand on se retrouve dans un logement de plus de 20 ans, on sait qu'il y a des défauts : climatisation parfois en option, non conformité aux normes anti-sismiques, état des murs et des tatamis...
Avec mon 50m² à 25mn de la gare centrale, je m'estimais heureux : une pièce japonaise, une large véranda, un jardin pour faire quelques pas dehors, et une climatisation installée lors de mon arrivée.
Pourtant, on m'avait prévenu qu'un immeuble des années 80, ce n'est pas toujours de bon augure, et je comprends mieux aujourd'hui pourquoi.

Tout a commencé dans la nuit de mercredi à jeudi.
Rentré tard, je n'ai pas entendu l'élément déclencheur de l'avarie qui allait nous pourrir la nuit.
A l'entrée de l'immeuble se trouve une citerne d'eau qui alimente tous les logements. C'est vers 23h30 qu'un morceau de la citerne a été propulsé sur la chaussée, déclenchant une petite explosion. Apparemment, quelqu'un s'en est rendu compte et aurait tenté de contacter un responsable. De chez moi, j'entendais pas mal de bruit dehors, mais étant assez près de la citerne, j'ai pensé aux nombreuses personnes ayant besoin d'eau à cette heure. Ensuite, passé minuit 30, j'ai pris ma douche, et là j'ai réalisé que du pommeau ne sortait qu'un filet d'eau sans pression. J'ai pensé que la citerne était vide suite aux nombreuses douches prises au même moment (il fait chaud à cette époque au Japon et on prend plusieurs douches par jour).
C'est au moment de me coucher que j'ai réalisé que quelque chose clochait. Le bruit de la citerne était inhabituel : au lieu d'un bruit de tuyauterie, on avait droit à un formidable torrent. On entendait la pression de l'eau se déverser, mais où ???
Dans l'impossibilité de m'endormir à côté d'une cascade, j'ai réveillé Lady Butterfly à 1h30 pour l'avertir du problème.
La réveiller à cette heure-là, ce n'est pas la meilleure chose à faire, à part si on a envie de se faire traiter comme du poisson pourri. C'est un peu comme me réveiller à 5h du mat, heure à laquelle je suis capable de toutes les cruautés verbales.
Après quelques engueulades, madame s'est finalement décidée à sortir la paperasse pour trouver le numéro de téléphone d'un service à contacter en cas d'avarie.
De mon côté, je suis sorti voir la citerne. Avec une lampe torche, j'ai fait le tour de l'équipement. Il ne m'a pas fallu longtemps pour découvrir l'origine du bruit : un tuyau propulsait l'intégralité de l'eau de la citerne sur le sol de l'immeuble.
Logiquement, le son d'une cascade en plein Nagoya aurait du alerter les 40 locataires, mais aussi surprenant que cela paraisse, l'immeuble était aussi calme que d'habitude, avec de nombreuses lumières prouvant que les familles étaient encore en activité.
Donc, on a toute l'eau de la ville qui se déverse sur les fondations de notre immeuble et il y en a pas un qui sort de chez lui.
Il a fallu attendre 2h pour que quelqu'un ouvre la porte et vienne me rejoindre face à la citerne. Il faut dire que lorsqu'ils ont plus d'eau chez eux, là, ils finissent par sortir. Tant que ça les touche pas directement, ils bougent pas.
Alors, du côté des coups de fil, c'est assez ahurissant : le propriétaire ne répond pas.
J'ai demandé à ce qu'on appelle les pompiers, mais ceux-ci n'ont pas souhaité intervenir. Il y a bien des sociétés privées mais comme ils facturent, ils ont besoin de l'accord du propriétaire. On a tenté du côté des agences immobilières qui louent les appartements, mais ceux-ci se renvoient la balle. La langue japonaise permet de nombreuses galipettes verbales pour refuser d'intervenir et vous dire d'aller vous faire voir, sans utiliser de mots désobligeants, mais globalement, le message était clair : O s'en fout de votre problème.
Il existe aussi au Japon un service d'urgence qui s'appelle "mizuno kyûkyûsha", pour tout problème de voie d'eau, actif 365 jours par an, 24h sur 24. Et bien, à cette heure, ils ne répondent pas. Bravo pour l'efficacité du service.

Bref, à 3h du mat, toujours personne pour intervenir et l'eau coule toujours à torrent.
On commence à voir un début d'inondation dans les fondements de l'immeuble. La terre détrempée commence à sentir.
Je me dis qu'on vient d'absorber les intempéries de 2 mois et que tout va pourrir ici avec un tel taux d'humidité.

C'est en se mettant au 2e étage qu'on a pu constater l'origine du problème. Une paroi de la caserne a cédé, créant 2 failles béantes. La paroi étant inclinée, les tuyaux se retrouvent désaxés et envoient l'eau directement sur le sol.

Vers 3h30, on commence enfin à être un petit groupe : 4, 5 personnes. On tente d'appeler un peu partout.
Une fourgonnette d'un gars, dont je n'ai pas compris l'affiliation, arrive. spécialisé dans les travaux sur les canalisations d'eau, il nous fait comprendre qu'il n'a pas le droit d'intervenir sans accord du propriétaire, toujours injoignable.
Finalement, il trouve le point d'entrée de l'eau de la ville et coupe l'arrivée d'eau.

On est donc sauvés à 4h30 du matin, sauf qu'on a plus d'eau pour se raser, pour tirer la chasse, pour faire des rameens, la lessive et la vaisselle. Le concierge se pointe à 6h avec des jerricans et des tuyaux.
Certaines personnes ont commencé à grogner du fait qu'ils avaient plus d'eau, probablement les mêmes qui faisaient profil bas pendant la nuit.

Finalement, l'heure est arrivée d'aller bosser. J'avais dormi en tout et pour tout 15 minutes.
Ce fut ma plus longue journée, puisque le travail s'est terminé à 21h.

Ils ont remis l'eau pour ne pas léser les locataires, mais sans réparer la citerne.
Ils ont juste tenté de tordre la paroi pour limiter les fuites d'eau, ce qui a généré des fuites plus faibles mais constantes.

L'incident s'est passé il y a 2 semaines de cela et les travaux de remplacement de la citerne viennent de commencer ce matin, alors que les bruits anormaux ont continué quotidiennement.
L'eau de la ville a été gâchée pendant toute cette période.
J'ai prévenu que je ne paierai pas l'eau non consommée....

Ah, le service au Japon, ce n'est plus ce que c'était....
Cela aurait été la maison du premier ministre, c'était réparé dans l'heure, mais dans les quartiers populaires, on pourrait vous laisser vous noyer tant que vous dérangez pas quelqu'un d'important.


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Commentaires
S
No way I leave this district !<br /> Je vais pas partir juste pour un dégât des eaux alors que j'habite à moins de 30mn de Sakae, Meieki et Kanayama.<br /> <br /> Merci de ne pas poster de lien publicitaire !
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V
How is it there now ? After that incident... are you going to change the apartment or not.?
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G
Le mythe du pays du service compris est bien ébréché...
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